La forêt française, au défi du changement climatique.
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Dossier

Climat : à quoi pourrait ressembler la forêt française de demain ?

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En France, l’accélération du changement climatique redessine déjà le visage des forêts. Afin d’assurer leur avenir et garantir leur résilience, des chercheurs et forestiers expérimentent aujourd’hui de nouvelles pratiques sylvicoles. Parmi les solutions mises sur la table, la diversification des essences d’arbres apparaît comme une piste prometteuse, notamment pour l'ONF (Office national des forêts). Eclairage. 

Incendies, canicules...sous l’effet du dérèglement climatique, les forêts françaises s'essoufflent elles aussi. Selon l’ONF (Office national des forêts), depuis 2018, plus de 300 000 hectares de forêts publiques sont touchés par les dépérissements, soit environ 30 fois la superficie de Paris.

En métropole, les forêts sont malmenées par le manque d’eau et les canicules. Les sapins rougissent, les hêtres souffrent et les chênes s’affaiblissent. Dans certaines régions, comme le Grand Est, des hectares d’épicéas dépérissent à cause des scolytes, des insectes qui prolifèrent avec le changement climatique", explique Régine Touffait, ingénieure forestière à l’ONF.  

Un état des lieux alarmant notamment lorsque l’on sait que ces écosystèmes jouent un rôle primordial dans la régulation du climat. Au même titre que les océans, les forêts sont les poumons de la planète. En absorbant du CO2, grâce à la photosynthèse, les arbres fabriquent du glucose et de l’oxygène, stocké dans le tronc, les feuilles et les racines, puis relâché dans l’atmosphère. Une mécanique bien huilée qui se trouve toutefois aujourd'hui grippée sous l’effet du dérèglement climatique.

Selon un rapport publié en juin dernier par l’Académie des sciences, les forêts françaises absorbent deux fois moins de CO2 qu’il y a deux ans. En cause : la hausse de la mortalité des arbres – de près de 80 % en dix ans, mais aussi le ralentissement de leur croissance, lié à la multiplication des épisodes de sécheresse ces dernières années.  

Cet article est extrait de notre dossier spécial : "Changement climatique : comment la France prépare l'avenir". A découvrir ici !

Diversifier les essences 

Face à cette situation préoccupante, une question se pose. Comment assurer l’avenir des forêts indispensables à notre survie ? Depuis quelques années, des chercheurs et des forestiers planchent sur plusieurs solutions d’adaptation. A l’ONF (Office national des forêts), l’accent est par exemple mis sur le développement de "forêts mosaïques", un mode de sylviculture basé sur la diversification des pratiques forestières. 

"Au sein d’un même massif forestier, on va avoir des zones ouvertes humides, des forêts littorales, des zones laissées en libre évolution, et d’autres dévolues à la production de bois avec des parcelles où les peuplements ont tous le même âge (futaies régulières) ou des âges différents (futaies irrégulières)", détaille Régine Touffait. 

La forêt mosaïque par l'ONF

Alors que le Giec prévoit un scénario de +4°C à l’horizon 2100, cette nouvelle gestion doit également favoriser la résilience des forêts, en introduisant des essences plus résistances aux aléas climatiques, à l’image du chêne pubescent, du pin maritime ou du cèdre.

Plus on aura des essences différentes, plus on aura la certitude que certaines s’en sortiront", précise la spécialiste.  

Préparer l’avenir 

Pour mener à bien ce chantier, l’ONF s’appuie sur les nombreuses ressources disponibles dans le pays. La France compte notamment près de 190 espèces d’arbres. "Nous avons la chance d’avoir des climats variés aux quatre coins du territoire. Cela offre de nombreuses possibilités. On peut prendre des graines d’essences présentes dans le sud, comme du chêne pubescent ou du cèdre de l’Atlas, les cultiver dans des pépinières, puis les planter dans des zones plus au nord”, indique Régine Touffait.  

Pour les zones méridionales, l’ONF expérimente la migration assistée des essences grâce à plusieurs partenariats commerciaux noués avec des pays étrangers, comme la Turquie, la Hongrie ou la Bulgarie. Les graines récupérées sont élevées en pépinière puis tester dans des îlots d’avenir. Si l’introduction d’espèces exotiques peut parfois susciter quelques réticences, l’ingénieure forestière à l’ONF assure que ces projets sont soumis à des règles de sécurité très strictes.

On importe des graines et non des plants. On travaille ensuite avec des laboratoires pour les tester. Par ailleurs, dès lors qu’une essence est considérée comme envahissante dans son habitat d’origine, on ne l’introduit pas dans nos îlots d’avenir”, ajoute-t-elle. 

Implantés sur des petites parcelles de 0,5 à 2 hectares, ces "laboratoires à ciel ouvert", aujourd’hui déployés un peu partout en France, doivent permettre de savoir quelles variétés résisteront le mieux aux climats plus chauds et secs. La réponse à cette question sera connue dans trente ou cinquante ans, quand les futures générations de forestiers observeront les résultats des graines semées par leurs prédécesseurs... 

La forêt française en quelques chiffres

- La quatrième plus grande forêt d'Europe.

- En métropole, elle s’étend sur près de 17 millions d’hectares, soit près d’un tiers du territoire hexagonal.

- 190 espèces d’arbres (67 % de feuillus, 21 % de résineux et 12 % de forêts mixtes). 

- Les forêts d'outre-mer (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et La Réunion) représentent plus de 8,2 millions d'hectares, soit plus d'un tiers de la forêt française

Source : ministère de la Transition écologique (juin 2023)

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