Il existe plusieurs centaines d’espèces de guêpes dans le monde.
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Biodiversité

Biodiversité : "les guêpes ont un rôle écologique très important"

À quoi servent concrètement les guêpes et quel rôle jouent-elles pour la biodiversité ? C’est la question qu’ID a posé à Philippe Grandcolas, entomologiste au CNRS.

Si pique-niques ou barbecues entre amis sont souvent synonymes d’allégresse, ils peuvent rapidement tourné au calvaire lorsqu’une horde de guêpes décide de prendre en grippe le festin du jour. Des expériences entraînant chez bien des individus une véritable aversion à l’égard de ces insectes. Mais comment fonctionnent-ils concrètement et quel est leur rôle ? Explications.

Comment expliquer le fait que les guêpes aient mauvaise presse auprès des êtres humains ?

Il y a plusieurs aspects. D’une part, on s’en méfie car ce sont des insectes qui sont capables de piquer. Nous savons très bien qu’on ne peut pas taper sur une guêpe à main nue comme on taperait sur une mouche ou un moustique. Donc cela évoque chez les gens un certain danger. 

Un danger qui est d’ailleurs multiplié puisque les guêpes sont des insectes sociaux, qui vivent en colonie, et qui se déplacent généralement à plusieurs. Ce sont des insectes qui ont un nid, alors lorsqu’il y en a un près de chez nous, nous observons fatalement des individus qui se déplacent en grand nombre. C’est un facteur qui créé chez certaines personnes une sensation de "harcèlement". 

Enfin, en plus d’être vu comme des insectes tenaces et passablement agressifs, les guêpes ne produisent pas de miel. Alors que, si les abeilles piquent également, il y a malgré tout dans l’esprit populaire leur aspect bénéfique à la pollinisation mais surtout à la récolte du miel. 

Quand sont elles le plus susceptible de piquer ?

Uniquement si on cherche à les maintenir. On peut faire des mouvements pour les dissuader de la main sans qu’il n’y ait trop de problème. Mais évidemment, si on essaye de les attraper, ces dernières ont un réflexe de défense qui joue immédiatement, utilisant leur aiguillon pour piquer la main qui tenterait de les saisir ou de les écraser. 

Bien qu’il ne soit dans la majeure partie des cas pas spécialement dangereux pour l’homme, le venin de la guêpe peut toutefois être douloureux. On observe d’ailleurs beaucoup de réactions phobiques, mais encore une fois, à moins de les saisir directement, où que celles ci se coincent par mégarde dans un vêtement, il n’y a a priori pas de risque de piqûres.

Quel rôle jouent-elles en matière de biodiversité ?

Premièrement, ce sont des nettoyeuses, c’est-à-dire que très souvent, elles nettoient nos pique-niques ou notre alimentation, tout simplement parce qu’elles recherchent notamment des aliments carnés. Elles nettoient également des cadavres, et  plus largement tout élément où de la matière organique est disponible. Donc évidemment, quand elles trouvent de la viande ou du poisson dans nos assiettes, il s’agit pour elles d’un exact équivalent. Elles sont également intéressées par tout ce qui est sucré. Typiquement, lorsqu’il y a un étal de boulangerie ou de pâtisserie, les guêpes sont rapidement attirées

De plus, bien qu’elles ne soient pas des pollinisatrices attitrées, les guêpes ont aussi une modeste action de pollinisation. 

Enfin, troisième aspect découvert il y a une dizaine d’années environ, les guêpes, et plus particulièrement les polistes (petites guêpes noir et jaune), stockent dans leur tube digestif les levures qui permettent notamment la fermentation du raisin, et ce chaque hier. Elles viennent redéposer ses levures sur le raisin au printemps, lorsque ce dernier repousse. Et c’est très important, puisque si on schématise très simplement, s’il n’y a pas de levure, il n’y a pas de vin. En effet, le fait de presser le raisin entraîne une fermentation alcoolique, ce qui signifie que le sucre se transforme en alcool, et ce grâce à la levure présente sur les grains de raisin.

Il y a-t-il plus ou moins de guêpes selon les étés ?

Oui tout à fait, cela varie en fonction de la clémence de l’hiver. Si les conditions météorologiques sont favorables, il y aura alors plus de femelles fondatrices capables de développer des nids. Ces dernières doivent alors trouver de la nourriture pour nourrir les larves qui, une fois adultes, devront à leur tour trouver de la nourriture pour nourrir la seconde génération de larves, et ainsi de suite. Car, chez les insectes sociaux comme les guêpes ou les abeilles, ce sont les premières filles qui, lorsqu’elles sont adultes, aident la femelle fondatrice, c’est-à-dire la reine, à nourrir les filles de la génération suivante. C'est un petit peu comme une structure familiale.

Donc logiquement, si les femelles hibernent bien, si elles arrivent à trouver de la nourriture pour les larves, si ces mêmes larves, une fois devenues adultes, arrivent à trouver de la nourriture pour les larves plus jeunes, etc. Il y aura des étés où les guêpes seront plus nombreuses. 

Combien de sortes de guêpes existe-t-il environ et quelles sont les plus répandues en France ?

Il existe plusieurs centaines d’espèces dans le monde. Il faut bien comprendre que le mot "guêpe" est un terme générique qui désigne différentes sortes d’hyménoptères, un ordre d’insectes dans lequel nous retrouvons aussi les fourmis et les abeilles. 

Ce terme est vernaculaire, c’est-à-dire qu’il ne désigne pas les insectes de manière non ambigu. Mais pour faire simple, parmi les nombreuses guêpes existantes, on retrouve les guêpes sociales comme on les connaît en France. Il s’agit généralement d’insectes de petite taille, jaune et noir. Dites "polistes", ces guêpes sont faciles à observer car elles peuplent notamment des milieux urbains et se déplacent à plusieurs. 

Mais il y a des espèces beaucoup plus spécifiques, qui ont tous les comportements possibles. Vous avez des prédateurs, vous avez des guêpes qui paralysent leurs proies, etc. Toutefois, ces espèces sont souvent solitaires, et donc moins visibles par l’homme car en densité moindre. Et puisque ces insectes ne sont pas forcément attirés par la nourriture des humains, ils sont bien moins présents dans notre quotidien. 

Comment peut-on différencier les guêpes des abeilles ? 

De manière générale, les abeilles sont velues, c'est-à-dire qu'elles ont une petite pilosité du corps, même si selon les espèces, cela peut varier un peu bien sûr. De leur côté, les guêpes sont en règle générale plutôt glabres. De plus, celles que l’on aperçoit communément en France ont tendance à avoir des couleurs jaunes et noires assez tranchées, assez contrastées. 

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